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Music All

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La référence en matière de comédie musicale française


Renaud Hantson, artisan de la musique

Publié par Célia Schmerber sur 15 Juin 2017, 13:42pm

Catégories : #Portraits

Renaud Hantson, artisan de la musique

Connu pour avoir pris la relève de Daniel Balavoine ainsi que son travail aux côtés de Luc Plamondon ou Michel Berger, Renaud Hantson ne ménage ni son temps ni ses efforts quand il s'agit de projets musicaux. Après une carrière alliant comédies musicales, albums et groupes de métal, son nouvel album « Rock Star, l'Opéra Rock » est sorti le 9 juin dernier. Music All a rencontré cet artiste polyvalent et l'a interrogé sur ce nouvel opus et son spectacle musical éponyme... 

Music All : Bonjour Renaud. Tu as joué dans de très grandes comédies musicales de Luc Plamondon au début de ta carrière avant de te tourner vers le rock voire le métal et l’écriture de nombreux albums. Tu prépares actuellement la sortie du double album Rock Star, ton spectacle musical. Comment revient-on à l’univers de la comédie musicale après toutes ces années ?

Renaud Hantson : A vrai dire, j’ai commencé la musique en étant tout d’abord batteur. J’ai monté dans les années 80 un groupe de Métal Fusion appelé Satan Jokers (que j’ai reformé en 2009). Ce groupe précurseur devenu culte depuis a connu une grande notoriété dans le circuit dans les eighties jusqu’à ce que je décide de me tourner vers un projet solo en 1986.

Robert Bialek (RIP), mon manager de l’époque, avait été le producteur des spectacles de Daniel Balavoine et j’ai passé le casting pour la deuxième version de « Starmania » en 1988. Suivront ensuite « La Légende de Jimmy » puis plus tard « Notre-Dame de Paris ». Je suis donc arrivé dans l’univers de la comédie musicale parce qu’une de mes choristes m’avait fait écouter le 1er album de 1979 que j’ai trouvé formidable et parce que mon feeling avec Michel Berger et Luc Plamondon est très vite devenu une évidence.

Même si cela fait longtemps que les fans me demandent d’écrire mon propre Opéra Rock, je reviens à cela par accident également, tout simplement afin de mettre en musique un roman que j’ai écrit qui s’intitule « Rock Star (48 heures d’une vie rêvée) » et est paru sur les prestigieuses éditions Les Belles Lettres.

Peux-tu dire que tu as été influencé par les rôles que tu as tenu dans ces comédies musicales qui sont la source des spectacles musicaux français (on pense à Starmania ou Notre Dame) pour te lancer dans Rock Star ? On sait que tu as continué de chanter de grands titres de comédies musicales plus tard dans ta carrière, comment as-tu pris la décision d’en écrire une ? 

RH : J’ai toujours rendu hommage à Michel Berger lors de mes concerts et je sais qu’une partie du public qui se déplace pour me voir attend donc de m’entendre dans des extraits des spectacles musicaux auxquels j’ai participés. J’ai sorti un album en 2011 intitulé « Opéra Rock » qui regroupait la plupart des grands succès des comédies musicales françaises ou américaines (de « Starmania » à « Notre-Dame de Paris » en passant par « Le Roi soleil », « Les dix commandements », « Fame », « Bagdad Café », « Cats » ou encore « Tommy »). Cela a été un vrai plaisir, d’autant que je me suis accordé la joie d’inviter des amis chanteurs (Gregori Baquet, Pablo Villafranca, Lena Ka, Barbara Scaff, Cyril Paulus et Wenta qui avait été une partenaire dans l’équipe du Starmania 88) sur cet album. Un grand moment de partage.

Comme je l’ai dit précédemment, j’ai décidé d’écrire un opéra rock suite à la sortie de mon troisième livre qui est aussi un premier roman. Cela faisait longtemps que l’on me demandait si je souhaitais passer ce cap, étant auteur-compositeur-interprète, mais j’avais toujours repoussé l’échéance. J’avais pourtant dit un jour, il y a plus de 20 ans, que j’écrirai quelque chose qui s’appellerait « Rock Star ». Après la parution de ce roman, il m’est venu comme une évidence de le transposer en spectacle musical, tant cette histoire est importante pour moi aussi bien dans le message préventif que je souhaite faire passer que dans ce qu’elle représente dans ma vie personnelle. Quel meilleur vecteur que celui de la chanson pouvais-je trouver pour transmettre mes émotions ?

Je souhaitais faire un spectacle plutôt dans la mouvance de « Starmania » ou « La Légende de Jimmy » et on pourrait d’ailleurs y trouver quelques similitudes (le présentateur TV par exemple) que j’assume totalement puisque, selon moi, ces œuvres n’ont pas été dépassées en France où la comédie musicale grand budget revient aujourd’hui à reprendre l’histoire d’un de nos contemporains ou un thème déjà connu (livresque, biblique, cinématographique) et en faire un prétexte à un spectacle avec régulièrement des chansons n’ayant pas réellement de rapport avec le récit choisi. Mon opéra rock est une création personnelle et donc forcément une prise de risque par rapport à ce qui se fait actuellement.

 

Ce spectacle semble avoir une dimension préventive sur le monde de la musique, de la drogue, de la télé. Peux-tu dire que c’est un spectacle résolument engagé ?

RH : En effet, ce spectacle comporte une dimension préventive puisqu’il raconte l’histoire d’un artiste qui s’est perdu sur le chemin de l’addiction et se rend compte qu’il a toujours un « singe sur son épaule » pour venir le tenter. Je donne régulièrement des conférences auprès de jeunes pour raconter mon parcours et, à chaque fois, il s’agit d’un moment éprouvant pour moi tant il fait remonter de choses à la surface. Ce spectacle est une autre manière de faire passer ce message afin d’éviter à certains gamins de tomber dans l’enfer de la drogue, ainsi ces vingt années vécues n’auront pas été vaines. Le partenaire de ce chemin vers la rédemption est un célèbre psychiatre, le Docteur Laurent Karila, devenu comme un frère pour moi et il co-signe certains textes de l’album. Nous avions réalisé en 2010 un album avec Satan Jokers accompagné d’un Ebook qui s’appelle « AddictionS ». Devenu un objet de prévention utilisé par la MILDECA (Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives), c’est la première fois qu’un groupe de Hard Rock a une reconnaissance gouvernementale et c’est une fierté pour moi bien plus importante qu’une victoire de la musique ou un classement dans le haut tableau d’un Hit Parade quelconque.

Ce spectacle est une autre manière de faire passer ce message afin d’éviter à certains gamins de tomber dans l’enfer de la drogue

Tu tiens le rôle principal de la rock star, ton spectacle a-t-il une vocation autobiographique (tu avais déjà raconté ton histoire dans un livre…) ?

RH : Au moment de la parution du livre, j’avais insisté sur le mot « roman » pour le définir parce qu’il ne s’agit pas réellement de ma vie, je n’ai jamais fait un concert géant de retour dans lequel j’aurais rencontré une femme mystérieuse qui m’aurait sauvé. Cependant, beaucoup d’éléments font évidemment référence à ma vie personnelle puisque c’est la rupture avec mon ex femme qui en a déclenché l’écriture. Je laisse le soin aux lecteurs et auditeurs de démêler le vrai du faux… (rires)

 

Un mot sur le casting. On retrouve de très belles voix déjà connues de la scène française (Laurent Bàn, Pablo Villafranca, Thierry Gondet). Comment les as-tu recrutés ? As-tu ouvert des castings ? Avais-tu déjà une idée précise des artistes que tu voulais voir interpréter ton œuvre ?

RH : Nous avons lancé un casting sur quelques sites spécialisés dans le théâtre musical. Nous avons reçu près de mille candidatures, ce qui m’a touché pour un petit projet sans gros budget et m’a rappelé que j’avais marqué quelques mémoires dans le circuit de la comédie musicale en ayant participé uniquement à trois des plus majeures de notre pays ! Nous avons rencontré une centaine de personnes.

Pour Pablo Villafranca et Laurent Bàn, ils étaient des évidences et leur place était déjà faite à peine les chansons écrites. J’ai découvert Thierry Gondet lors d’un casting. Il aurait pu jouer le rôle du dealer et du manager, alors nous avons dû faire un choix, il est comme Laurent et Pablo un des artistes à avoir le plus grand nombre de participations à ce type de spectacles musicaux en France et à l’étranger. Pour Charlotte Grenat, Anne Chenet, Jessy Roussel et Alex Ryder, ils ont été les coups de cœur de nos auditions. Sarah Jad est arrivée en fin de parcours. Je voulais travailler avec elle depuis longtemps et lui avais déjà proposé une participation à un de mes concept albums pour le groupe Satan Jokers dans un personnage qu’elle trouvait un peu trop « sulfureux », elle a accepté après une apparition dans The Voice. Enfin, je suis devenu très pote avec le célèbre imitateur Gérald Dahan pendant cette période et, de fil en aiguille, l’idée est venue qu’il pourrait faire les voix des présentateurs TV.

 

On t’a entendu parler d’eux avec beaucoup d’amitié, comment qualifies-tu l’ambiance qui vous unie lors des séances d’enregistrement ? As-tu une anecdote particulière à partager avec nous ?

RH : Les séances d’enregistrement se sont effectuées chez moi, dans la chaleur intense de l’été 2015. Inutile de dire qu’il était difficile de chanter des titres aussi complexes que ceux que nous avons écrits pour « Rock Star » dans ces conditions. Cependant, les artistes qui sont en effet devenus des amis ont joué le jeu et se sont sentis comme à la maison, je voulais éviter la pression et le côté « chaque minute sont comptées » qu’il y a parfois dans un gros studio d’enregistrement, en plus l’accès au frigo et au bar était ouvert à tout moment !!! (rires)

L’anecdote qui pourrait être racontée est lorsque Gérald Dahan enregistrait ses voix le dernier jour des prises avec mon ingénieur du son. Tous les chanteurs étaient conviés ce jour-là afin d’enregistrer deux titres supplémentaires que je venais de rajouter au projet comme me l’avait toujours conseillé Michel Berger lorsqu’il faisait un album. C’était aussi l’occasion de réunir tous les participants et de faire une fête le soir pour honorer la fin de cette longue semaine d’enregistrement de voix, il y avait donc un va-et-vient assez impressionnant avec la sonnette de mon appartement qui ne cessait de retentir et qui l’empêchait d’enregistrer ses parties d’une traite. Alors qu’il était en train d’imiter Jean-Pierre Foucault pour les besoins d’une liaison musicale, la sonnerie se fait entendre à nouveau. Gérald qui répétait son texte, me regarde et lance, toujours avec la voix de l’animateur, : « Ah, l’appel d’un ami ! » exactement comme le fait Foucault dans « Qui veut gagner des millions ». Inutile de dire que nous étions tous hilares !

 

Le monde de la musique est cher, tu lances d’ailleurs un projet de financement participatif pour t’aider dans la production de l’album. Peux-tu d’abord nous dire si c’est un choix de ta part de ne pas travailler avec une grande maison de disques ? Pourquoi ?
RH :
Depuis quelques années, je me suis éloigné un peu des radars de la grosse artillerie musicale. Je travaille, en quelque sorte, comme un artisan de la musique. Aussi, en tant qu’artisan, je souhaite rester maître de ce que j’écris, compose ou interprète. J’ai longtemps attendu la réponse d’un producteur concernant « Rock Star » (réponse qui n’est toujours pas arrivée) jusqu’à ce que je décide de lancer le double album avec Rebel, mon label avec Alain Ricard plus spécialisé depuis de nombreuses années dans le Hard Rock avec sa maison de disques Brennus, et en faisant appel à l’aide du public par le système de financement participatif. J’ai la sensation qu’il me faut laisser une trace, le marché du disque est moribond, on ne sait pas de quoi demain sera fait et je ne veux plus patienter, de plus je souhaite qu’une version avec cette équipe de rêve existe. Cet album est également un bel objet de présentation pour le spectacle qui pourrait donc m’aider à le faire vivre sur scène. Si demain une grosse maison de disques décide d’investir dans « Rock Star », je suis tout à fait libre de travailler avec elle, peux changer le cast, la pochette ou encore me rendre libre de tout contrat avec mon label avec qui je travaille en bonne intelligence et en toute confiance.

 

Nous avons été très touchées par ton engagement dans de grandes causes : la lutte contre la sclérose en plaques, l’aide aux enfants hospitalisés, la prévention anti-drogues. Etait-ce une évidence pour toi, qu’un artiste ait un rôle d’influenceur ? Qu’est-ce que ces expériences t’ont apporté ?

RH : Les artistes ont toujours été sollicités par diverses causes. Cela me semble important de pouvoir apporter un peu de bonheur à des gens qui souffrent. Ces expériences m’ont beaucoup appris et apporté. J’en suis toujours ressorti plus fort avec cette sensation d’être « utile » alors que ma profession et le milieu du show business me semblent parfois plutôt « futiles ». Après les concerts de l’association « Ensemble contre la Sclérose en plaques » dont je suis le parrain ou après une conférence préventive auprès de jeunes, il y a toujours un moment de flottement où je sais que j’ai donné mais que j’ai également beaucoup reçu. C’est un grand plaisir pour moi de pouvoir le faire et, si cela permet à des gens de se sentir mieux et à des associations de se faire connaître, alors le pari est plus que gagné.

 

Quelles sont tes ambitions pour Rock Star ? Que pouvons-nous te souhaiter de plus beau sur le long terme ?

RH : Mon ambition première est de trouver une production motivée afin de monter ce spectacle sur scène dans de bonnes conditions. Ce projet est, de l’avis de mes proches, ce que j’ai fait de mieux dans ma vie de musicien et je ne vois pas ce que je pourrai faire après. Je souhaiterais donc voir se jouer ce spectacle dans un beau théâtre à Paris ou ailleurs puis être présenté un peu partout en France, c’est aujourd’hui mon vœu le plus cher car il faut des créations originales pour renouveler le genre. Quand je vois que « Rent » ne trouvait aucune production et a mis du temps à se monter à cause de son sujet difficile (homosexualité, SIDA…) avant de devenir le plus gros succès planétaire en matière de comédie musicale, je me dis qu’on a peut-être l’espoir d’être une bonne surprise et ça me donne foi en notre travail. Michel Berger chantait « La bonne musique », en effet il n’y a que deux genres quand on y réfléchit bien, la bonne et la mauvaise musique. Personnellement j’essaie de choisir le bon camp même si régulièrement je me dis que faire de la merde serait peut-être plus susceptible de trouver un écho et de toucher le grand public !!!... Je ne suis pas le seul à le penser mais ça fait peur un peu quand même d’entendre ce qu’on entend et de voir ce qu’on voit parfois, non ?!... (rires)

 

Vous pouvez désormais vous procurer l'album Rock Star ici mais également rejoindre Renaud Hantson sur ses réseaux sociaux: Facebook Officiel, Facebook des Satan Jokers ou de Furious Zoo, Twitter, son site officiel ainsi que sur sa chaîne Youtube, vous y retrouverez une présentation de son spectacle en quelques épisodes ! 

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